Né à Paris le 17 décembre 1903, Roland de Vaux fait ses études secondaires au Collège Stanislas, puis des études universitaires de Lettres à la Sorbonne. Il entre, après sa licence, au séminaire de Saint-Sulpice, où il est ordonné prêtre le 29 juin 1929. Mais, ayant résolu d’entrer dans l’ordre des prêcheurs, il entre au noviciat d’Amiens dès septembre 1929, y fait profession le 23 septembre 1930 et par aussitôt faire ses études au Saulchoir de Cain, en Belgique, où il demeure jusqu’en 1933. Il s’oriente alors particulièrement vers la philosophie médiévale, ce qui explique les recherches menant à sa première publication, dédiée à Avicenne. Mais il se tourne aussi vers l’orientalisme, avant d’être sollicité, en 1933, par l’École biblique pour venir compléter l’équipe de professeurs alors fameuse mais vieillissantes. Il arrive ainsi à Jérusalem en septembre 1933.
Le P. de Vaux y fait d’abord deux ans d’études, sous la direction des PP. Lagrange, Vincent, Abel ou Savignac. Il réussit les examens de la Commission biblique en juin 1935. Rentré à Jérusalem, il est nommé professeur d’histoire et d’archéologie bibliques, deux sujets qui seront aussi ses domaines de recherche principaux jusqu’à la fin de sa vie. Il enseigne ces deux disciplines de 1935 à 1971 sans interruption. Il enseigne aussi l’assyro-babylonien de 1935 à 1940 et l’exégèse de l’Ancien testament de 1946 à 1949, alors qu’il prépare ses traductions pour la première Bible de Jérusalem. Ses anciens étudiants s’accordent à louer son sens de la pédagogie et ses présentations brillantes, avec l’honnêteté absolue dont il faisait preuve comme chercheur.
De ces enseignements sont sortis plusieurs ouvrages marquants, à commencer par les fascicules de la Bible de Jérusalem sur la Genèse, les Livres de Samuel et des Rois. Il joua aussi un rôle prépondérant dans l’édition en un seul volume de la Bible de Jérusalem, en 1956. Les deux volumes de ses Institutions de l’Ancien Testament furent traduits en de nombreuses langues.
Il commença son oeuvre d’archéologue par des campagnes modestes qui suivirent sa première exploration archéologique dans la région de Salt (Transjordanie) à l’été 1937. La même année, il fouille avec le P. Savignac l’église de Ma’în, près de Madaba (Jordanie). En 1944, il réalise avec le P. Stève la fouille d’un ancien caravansérail près du Qiriat Yearim biblique (Abu Gosh). Toujours avec le P. Stève, il travaille ensuite (1945-1946) sur le site d’el-Ma’moudiyeh, sanctuaire byzantin dédié à S. Jean-Baptiste, à l’ouest d’Hébron. En 1946, il s’attaque à un site plus important : le Tell el-Far’ah du Nord, identifié par la suite comme l’antique Tirça, première capitale du royaume du Nord, d’où le roi Omri émigra pour Samarie. Neuf campagnes ont été consacrées à ce site, jusqu’en 1960.
Au beau milieu de ces campagnes de Tell el-Far’ah surgit « l’affaire Qumran », du nom des manuscrits découverts dans des grottes au bord de la Mer Morte en 1947. De 1949 à 1958, le P. de Vaux fut le responsable, pour l’École biblique, des fouilles des différentes grottes, puis de celles du site de Qumran en lui-même. En 1952, de Vaux organisa une campagne de fouilles au wadi Murab’baat, puis une fouille du site de Qumran tous les hivers jusqu’en 1956. Le P. de Vaux fut également responsable de l’équipe internationale chargée d’étudier et de publier les manuscrits, entreposés dans la scrollery du Musée Rockefeller jusqu’en 1967. Les conclusions de ses recherches ont été présentées dans des rapports parus dans la Revue biblique, puis dans les « Schweich Lectures » de 1959, conférences parues en 1961 sous le titre l’Archéologie et les manuscrits de la Mer Morte. De cet ouvrage, Kathleen Kenyon a pu dire : « This publication of his lectures is an monument to his skill as an excavator, as a historian and as an authority on the scrolls themselves ».
Peu après, le P. de Vaux fut associé par Miss Kathleen Kenyon aux fouilles de Jérusalem : il fut chargé de la partie sud de l’esplanade des Mosquées, dans le quartier d’el-Khâtoûnîyeh, qu’il fouilla de 1961 à 1963. La fouille fut ensuite reprise par le professeur Mazar.
A l’École biblique, il eut aussi de pesantes charges à honorer, puisqu’il fut directeur de la Rebue Biblique de 1938 à 1953, directeur de l’École de 1945 à 1965, ainsi que prieur du couvent de 1949 à 1952. Nommé consulteur de la Commission biblique pontificale en 1956, puis Maître en Théologie en 1958, il fut appelé à Harvard comme visiting Professor pour l’année 1964-1965. Les honneurs suivirent aussi puisqu’il fut nommé membre correspondant de l’Académie des Inscriptions et Belles-Lettres en 1952, avant d’en devenir membre libre non-résident en 1962. En 1961, il devenait membre correspondant de la British Academy, tout en étant élu par la suite membre honoraire de diverses sociétés scientifiques à travers le monde. Plusieurs universités ou collèges lui ont aussi octroyé le titre de Docteur honoris causa.
Frappé par l’artérite au début de l’année 1971, il perdit peu à peu la santé et mourut à l’hôpital Saint-Joseph de Jérusalem le 10 septembre 1971. Les funérailles eurent lieu à Saint-Etienne le 13. Son dernier ouvrage, Histoire ancienne d’Israël, était inachevé et a été terminé et publié par la suite par le P. Langlamet.
Publications (bibliographie sélective)
- Notes et textes sur l’avicennisme latin aux confins des XIIe-XIIIe siècles, Paris : Vrin, 1934
- Pour la Bible de Jérusalem : la Genèse, 1949 ; les Livres des Rois, 1951 ; les Livres de Samuel, 1953
- Les Institutions de l’Ancien Testaments, 2 vol., Paris : Gabalda, 1958 et 1960
- Les Sacrifices de l’Ancien Testament, coll. Cahiers de la Revue biblique, 1964
- Bible et Orient, Paris : éditions du Cerf, 1967